Le territoire Trait bleu

La longue histoire de notre sous-sol

Tout commence au cours de l’ère primaire, il y a environ 400 millions d’années, alors que les vertébrés n’ont pas encore fait leur apparition sur les terres émergées. Un supercontinent est en train de se former, la Pangée, entraînant la création d’une immense chaîne de montagne à l’origine du Massif armoricain, des Vosges et du Massif central, dont le Morvan est une extension. Au cœur de cette chaîne, appelée hercynienne, se sont formés les granites que l’on retrouve à Saulieu et jusqu’à Semur-en-Auxois.

Au cours de l’ère secondaire, cette chaîne s’affaisse sous l’effet de son propre poids et s’érode. Alors que les dinosaures viennent d’apparaître sur terre, la mer envahit le Bassin parisien et recouvre le socle hercynien à la fin du Trias, il y a un peu plus de 200 millions d’années. Les débris provenant de l’érosion des terres et les concrétions issues de la vie marine se déposent alors au fond de la mer. Ces sédiments vont former les grès, puis les marnes et les calcaires qui alterneront pendant tout le Jurassique en fonction des variations de la profondeur de la mer, directement liée aux climats passés.

Gloup peur
Représentation du sous-sol francais au dinantien
Paléogéographique de l'Europe au Carbonifère supérieur (Teper, 2007)
Illustration de plante

Et l’eau dans tout ça ?

La succession d’événements tout long de l’histoire de la terre n’est pas neutre, car c’est de cela que dépendent aujourd’hui nos ressources en eau ! En effet, le socle cristallin qui affleure sur l’amont du Serein ne peut contenir que très peu d’eau, dans sa partie altérée en surface. Le faible stockage souterrain de l’eau n’est donc pas suffisant pour soutenir le débit des cours d’eau en été, qui se retrouvent vite en assec, c’est-à-dire sans plus aucun écoulement.

En savoir plus

Les vallées du bassin amont de l’Armançon ont quant à elles un sous-sol marneux, donc quasiment imperméable. L’eau de pluie aura tendance à ruisseler et rejoindre rapidement les cours d’eau sans aller recharger les nappes souterraines, l’eau stockée dans le sous-sol. Les quelques formations calcaires que l’on retrouve dans ce secteur, sous forme de buttes, sont de véritables châteaux d’eau naturels, mais ne suffisent pas toujours pour assurer les besoins en eau des activités humaines et la vie des cours d‘eau en période estivale.

Photo du mont auxois
Gloup interrogation
Forme rond et rectangulaire - PTGE

Le Serein et l’Armançon, deux cours d’eau voisins

Photo du serein à beaumont

Principal affluent de l’Yonne, l’Armançon prend sa source à Essey, près de Pouilly-en-Auxois et termine sa course à Migennes après un parcours de 202 km, drainant un bassin de 3077 km². Son débit moyen annuel (module) mesuré à Brienon-sur-Armançon est de 28,7 m3/s.

Le Serein prend sa source à Beurey-Bauguay, entre Pouilly-en-Auxois et Saulieu et se jette 188 km plus loin dans l’Yonne, dont il est le troisième affluent, sur la commune de Bonnard au nord d’Auxerre. Il draine un bassin versant de 1363 km². Son module mesuré à Beaumont est de 10,7 m3/s.

Situés entre le bassin de l’Yonne amont et de la Seine supérieure, le Serein et l’Armançon sont en tête du grand bassin hydrographique Seine-Normandie. Cette position rend importante la qualité de l’eau de ces cours d’eau, car les nutriments en excès ou les autres polluants qui s’y trouvent vont ensuite être acheminés jusqu’à la Manche et peuvent contribuer à son eutrophisation, un enrichissement excessif nuisible pour l’écosystème marin responsable des marées vertes. Mais la qualité des cours d’eau est bien sûr importante pour les organismes qu’ils abritent et qui s’y abreuvent. En 2019, encore 76 % des cours d’eau du territoire avaient une qualité dégradée.

Photo de l'Armançon à Argenteuil sur armançon
  • Pour connaître la qualité des cours d’eau près de chez moi, je vais sur l’appli Qualité Rivière.

Les bassins du Serein et de l’Armançon cumulent à eux deux 2734 km de cours d‘eau. Une grande partie de ce linéaire concerne des cours d’eau temporaires : comme la majeure partie des cours d’eau dans le monde, ils ne coulent qu’une partie de l’année. Leur fonctionnement hydrologique et les écosystèmes qu’ils abritent restent encore mal connu.

  • Si vous souhaitez participer à améliorer la connaissance des petits cours d’eau que vous croisez, observez les écoulements, prenez une photo et renseignez l’appli DRYRivERS.
Illustration de plante

De l’eau et des usages

Canal de Bourgogne à Chassignelles

Navigation

Le canal de Bourgogne, qui relie la Saône à l’Yonne, parcours sur 154 km le bassin de l’Armançon. Son système alimentaire, relativement complexe, utilise des réservoirs en Côte-d’Or (Grosbois, Cercey et Pont sur le versant Armançon) et des prises d’eau tout au long de son linéaire pour assurer la navigation des bateaux de plaisance d’avril à fin octobre. 1er consommateur d’eau du territoire, la connaissance fine des prélèvements et des restitutions fait l’objet d’études dans le cadre du PTGE Serein & Armançon.

Photo des prairie humide à Davrey

Agriculture

Siège des AOP (appellation d’origine protégée) Epoisses et Chaource, de l’IGP (indication géographique protégée) Soumaintrain et situé en partie sur l’aire de l’IGP Charolais de Bourgogne, le territoire possède une forte activité d’élevage dans les secteurs du Serein, de l’Armançon amont, de la Brenne et de l’Armance. Bien que l’élevage soit une activité consommatrice d’eau, représentant près de la moitié de la consommation en août sur le bassin du Serein, le maintien des prairies est un enjeu essentiel pour le territoire. En effet dans nos vallées, les prairies maintiennent une activité économique importante, préservent la qualité de l’eau par les faibles apports qu’elles reçoivent et stockent du carbone !

 

En savoir plus

Captage des lames à Flogny la Chapelle

Alimentation en eau potable

Usage prioritaire de l’eau, l’alimentation en eau potable concerne directement les quelques 115 000 habitants du territoire. La distribution de l’eau potable est assurée par près de 120 maîtres d’ouvrages qui sont des communes, des regroupements de communes en syndicats ou des communautés de communes (une seule en 2024).

Provenant à plus de 95 % des eaux souterraines grâce à des captages de sources ou de puits, les prélèvements pour l’eau potable sur le territoire sont aussi assurés par des retenues sur l’Armançon à Pont et sur la Brenne à Grosbois (projet en cours avec le Conseil départemental de la Côte-d’Or).

Illustration plante

Le grand cycle de l’eau

La pluviométrie est relativement variée sur le territoire. D’un peu moins de 750 mm annuels tout à l’aval, on retrouve plus de 1 150 mm à Saint-Martin-de-la-Mer, sur les reliefs du Morvan. Les précipitations sont plutôt régulières sur l’année, mais le changement climatique va affecter cette répartition. Si les cumuls annuels ne devraient pas trop évoluer, en revanche la répartition annuelle devrait accentuer les déficits en été et les excédents en hiver. Cependant des sécheresses hivernales ne sont pas à exclure.

Il faut savoir que seulement 1/3 des précipitations à l’échelle annuelle va intégrer le cycle de l’eau du Serein ou de l’Armançon, en s’infiltrant dans le sous-sol jusque dans les nappes phréatiques ou en ruisselant en surface pour rejoindre directement les cours d’eau. Les 2/3 restants repartent dans l’atmosphère sous l’effet de l’évaporation et de la transpiration des plantes (l’évapotranspiration).

L’augmentation des températures au cours de la seconde moitié du 20ème siècle a déjà fait diminuer de 10 % le débit annuel et de 40 % le débit du mois de septembre de l’Armançon du simple fait de l’augmentation de l’évapotranspiration.

Illustration du cycle de l'eau
Les précipitations efficaces © OFB / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018

A l’origine des mots

En l’an 659, le Serein est désigné par Sidena, ce qui signifierait instable. De son côté, l’Armançon était autrefois appelée Ormensio, ce qui signifierait en celtique rivière aux pierres rouges. Ce nom évoque le granite qui est transporté par la rivière depuis le secteur de Semur-en-Auxois.

Pour en savoir plus sur l’eau dans les bassins du Serein et de l’Armançon, les rapports d’état des lieux et de diagnostic du PTGE Serein & Armançon sont en téléchargement.